C'est à l'occasion de la sortie du tant attendu (bon, d'accord, peut-être pas tant que ça, mais il aurait dû l'être) septième épisode de la série Ace Attorney que j'ai décidé d'écrire cet article, sorte d'hommage à ces jeux qui ont su se faire une place de choix dans mon petit coeur, et également un genre de remerciements au génial Shu Takami (principal développeur de la série !). J'ose espérer que ce petit papier saura faire sourire de nostalgie les habitués de la série, et intéressera les maudites âmes damnées qui n'ont pas encore joué à ces jeux.

Commençons par les bases ! Alors Ace Attorney, kézako, de quoi ça s'agit, pourquoi ça existe ? Eh bien c'est très simple. C'est l'histoire d'un gentil monsieur qui s'appelle Shu Takumi et qui a décidé, un beau jour de printemps, de développer un jeu où on incarnerait un avocat de la défense... Oh, attendez, revenez ! C'est pas aussi glauque que ça peut en avoir l'air ! Bon, reprenons. S'inspirant du héros de romans Perry Mason, le demi-dieu Shu Takumi et son équipe ont donné naissance à une licence dans laquelle nous incarnons donc un jeune homme au nom atypique : Phoenix Wright.

 

Puisses-tu vivre encore et à jamais, ô apôtre des scénarios palpitants.

 

Le premier épisode de la série, tout simplement nommé Phoenix Wright : Ace Attorney (l'appeler Ace Attorney : Phoenix Wright aurait sans doute été plus judicieux, mais passons), est sorti il y a fort longtemps sur GBA en 2001. Voilà, c'est le seul point sur l'histoire chronologique qui apparaîtra dans cet article, déjà parce que ce n'est pas très captivant, ensuite parce que je n'ai de toute façon découvert le jeu que bien plus tard. Forcément, à 7 ans, je n'avais pas encore de GBA, et encore moins de jeux comme celui-ci... Je me suis donc intéressé à la série il y a 3 ou 4 ans tandis que je recherchais des perles oubliés de l'époque GBA (pendant laquelle j'étais donc trop jeune pour vraiment me rendre compte de ce qui se passait dans le monde vidéoludique). Transgressant à souhait les codes moraux et la loi absolue en tombant dans l'immonde pêché qu'est l'émulation de jeux, je parcourais avec plaisir les meilleurs J-RPG du moment. Final Fantasy comme Zelda, tout y est passé... Jusqu'à ce que je m'intéresse un jour à cette série fort curieuse qui jusque là n'attirait pas vraiment mon attention. Non sans raison, ai-je envie de dire. Un jeu textuel d'avocat de la défense, à fortiori, c'était très peu pour moi. Et je suis certain qu'un nombre non négligeable de personnes ont pensé et pensent toujours la même chose. Néanmoins, le design manga a quand même attisé ma curiosité, et je me suis lancé dans le premier épisode, sans entrain particulier.

Vous devinez ce qui arrive, à peine 30 minutes plus tard : la révélation. Narration monstrueusement sympathique et enquêtes aussi farfelues que passionantes (en gardant heureusement un certain degré de réalisme), voilà ce qui vous attend dans ces jeux. Bon, je ne ferai pas l'erreur de dire que la série Ace Attorney plaira à tout le monde. Ce n'est pas le thème des jeux qui est en cause mais leur type : si les interactions sont (très) loin d'être absentes, il s'agit avant tout de jeux textuels (un genre de visual novels si vous préférez, mais je préfère distinguer). Donc si lire vous rebute, faut pas en espérer grand chose.

 

                            

                     Les procès sont de loin les moments les plus prenants du jeu. Observez à droite le très                            célèbre "OBJECTION !" de la série.

 

Chaque jeu se déroule grosso-modo de la même façon : l'histoire est découpée en plusieurs chapitres, en général quatre ou cinq. Et dans chacun de ces chapitres (tous appelés "Volte-face machin" ou "Machin Turnabout" en anglais), nous devons résoudre une enquête. Remarquez que je préfère dire résoudre une enquête à défendre un client, car s'il s'agira bien d'en défendre un, cela nécessitera le plus souvent d'inculper quelqu'un d'autre à la place (à la manière de Perry Mason, donc), c'est-à-dire de trouver qui a fait le coup. A chaque enquête, on rencontre de nouveaux personnages secondaires, et on visite de nouveaux lieux. Si le plus souvent nous avons affaire à un meurtre, il peut aussi arriver qu'on défende un client accusé de vol ou d'attentat à la bombe, comme ça a été le cas tout récemment.

 

L'affaire de la bombe. 1ère affaire de Dual Destinies, une ouverture en beauté pour un jeu qui se finira en apothéose.

 

Pour chaque enquête (ou presque), il vous est demandé d'aller faire un tour sur les lieux du crime pour mener votre propre investigation et réunir le plus d'indices possibles. Ce n'est qu'après, pendant les procès, que vous aurez à défendre votre client à coup d'arguments pointus pour réfuter les accusations des méchants procureurs. Beaucoup d'enquêtes demandent d'ailleurs pas moins de deux procès pour enfin trouver la vérité. La fin d'une enquête est toujours riche en rebondissements, car même les plus Sherlock Holmesiens d'entre nous ont parfois du mal à deviner qui est le coupable. C'est là l'une des raisons pour laquelle je trouve Shu Takumi absolument fantastique : les enquêtes sont certes inégales en terme d'intérêt mais toutes débordantes d'inventivité et d'idées originales. Chaque opus est une perle tant l'histoire est haletante et savamment racontée. Car si les premières enquêtes de chaque jeu sont en général anecdotiques (je dis bien en général), les dernières sont tellement captivantes qu'il n'est juste pas possible de lâcher le jeu avant de les avoir terminées. C'est notamment dû au fait que sur la fin, certains personnages principaux sont très souvent en lien avec l'enquête. Il se peut même que l'on ait à défendre des amis de Pheonix Wright. C'est de cette manière que l'on découvre leur background, avec des révélations dantesques à chaque fois, et le tout dans une ambiance juste fantastique.

 

L'OST des jeux est toujours une merveille, les musiques des procès notamment sont très célèbres et participent beaucoup à rendre lesdits procès plus vivants et captivants qu'ils ne peuvent déjà l'être.

 

Les dernières enquêtes de chaque jeu AA sont systématiquement nettement supérieures aux précédentes, certes, mais ça ne veut pas dire que celles-ci sont ennuyeuses, loin de là. Surtout que Shu Takumi trouve toujours le moyen de relier chacune des affaires de chaque jeu entre elles, même si de premier abord elles n'ont rien à voir les unes avec les autres. En gros, les deux ou trois premières affaires préparent le terrain (et de bien belle manière) pour un final toujours abasourdissant. Je pense surtout à Ace Attorney : Apollo Justice, qui se trouve être mon épisode préféré (et le moins aimé de la communauté, semble-t-il, j'en pleure encore) grâce à la maestria absolue de sa trame scénaristique. Moi qui me suis adonné aux joies de la création d'un scénario à plusieurs reprises, ayant voulu pendant longtemps devenir scénariste de jeux vidéos, je suis pour ainsi dire (et sans modestie) plus à même de voir les "habiletés" et compétences de Shu Takumi dans sa manière de concevoir ses enquêtes. Car imaginer une histoire, c'est bien, mais la rendre cohérente, c'est une toute autre chose. Et la vivre comme nous la vivons à la fin de Apollo Justice, c'est juste de l'art. Pur, net, frais, et sans bavures. Quand j'y jouais, j'étais écrasé sous le poids du génie de monsieur Takumi. Vous l'aurez compris, chez moi la narration a toujours été LE point fort de ces jeux. Car s'il s'agit réellement de meurtres et d'autres affaires graves, l'ambiance des jeux n'en reste pas moins très agréable grâce à un style narratif très léger et attrayant. L'humour omniprésente (un tantinet naïve, symptomatique du Japon) laisse volontiers et très naturellement la place aux émotions quand le moment est venu, et réciproquement.

 

Apollo Justice ! Rarement un jeu m'aura autant tenu en haleine lors de sa conclusion. J'en ai encore des frissons.

 

Si chaque enquête est une histoire en soi, il y a bel et bien une histoire globale dans Ace Attorney. Par là je veux dire que chaque épisode est la suite de l'autre, tout simplement, et que sans avoir joué aux précédents volets il est parfois difficile de comprendre pleinement l'histoire un épisode, car comme je le disais certaines enquêtent sont focalisées sur les personnages principaux. Parlons d'eux justement. Le nombre de personnages principaux, avec bien sûr Phoenix Wright en tête, grandit à chaque volet, et pour ma part je n'ai jamais été déçu. Si j'ai mes préférences, la totalité des personnages, principaux comme secondaires, sont tout aussi géniaux qu'originaux. Les personnages au premier plan sont bien évidemment les avocats de la défense, les procureurs (c'est toujours un immense plaisir de découvrir le nouveau procureur qui sera en tête d'affiche d'un épisode), les enquêteurs et certains autres comme les amis qu'a ou aura Phoenix Wright au fil de l'aventure.

 

                                                            

     A gauche, le procureur préféré des fans : Miles Edgeworth, ou Benjamin Hunter en français. A droite, le tout récent et d'ors et déjà l'un des favoris lui aussi, Blackquill.

 

Comme ne le laisse absolument pas penser le jeu avec son ambiance bon enfant, la difficulté est à la hauteur. Encore une fois, ça dépend des enquêtes, mais ne vous attendez pas à présenter chaque indice en guise de preuve comme si ça allait de soi. Bon, bien sûr, parfois il n'y a pas le place au doute, on sait comment agir et quoi dire pendant le procès, mais il faut toujours faire travailler ses méninges un minimum pour avancer. Le caractère assez farfelu des enquêtes aidant, il est parfois difficile de faire le lien entre les faits et les preuves (vos indices, en fait). Car bien évidemment, ce cher Phoenix Wright (ou ce cher Apollo Justice, ou cette chère Athena Cykes, ou ce cher Miles Edgeworth, ça dépendra du jeu) est un gros malchanceux : il aura toujours à défendre des clients qui sont à fortiori "impossibles" à sauver du séjour en prison tant les faits jouent contre eux, et c'est tant mieux. On se demande toujours comment on va bien pouvoir prouver que notre client est innocent avec un contexte aussi particulier, car il nous semble inéluctable qu'il s'agit des meurtriers. Ou des voleurs. C'est d'autant plus prononcé dans le dernier jeu en date, Dual Destinies, dans lequel l'avant-dernière et la dernière affaire sont extraordinaires (mais on nous avait habitué à ça).

 

             

La troisième affaire de Dual Destinies a été unanimement appréciée. Quant à la cinquième affaire de ce même épisode... De la folie pure. Une mer-veille. Impossible de lâcher la console avant de connaître la vérité.

 

Je pourrais écrire encore un paquet d'autres paragraphes tant j'ai d'amour à déverser sur ces jeux, mais je vais m'arrêter là. Le devoir m'appelle. J'ose espérer avoir donné envie à ceux qui ne connaissent pas la licence jusque là de s'y intéresser, car le manque de popularité de la série en Europe et en Amérique est une source d'inquiétude plutôt importante, pour moi comme pour les autres fans : le premier Ace Attorney Investigations n'a jamais été traduit en France, tandis que le second n'a même pas daigné sortir du Japon. Quant à Dual Destinies, il n'est sorti qu'en dématérialisé et en anglais. Ni le support ni la langue ne me dérangent personnellement, je maîtrise suffisamment l'anglais pour jouer à un jeu textuel dans la langue de Shakespare, mais ces récentes "fainéantises" de Capcom (si j'ose me permettre) montrent bien que si les recettes des jeux ne sont pas suffisantes en Europe et en Amérique, les prochains épisodes risquent bien de ne pas pointer le bout du nez en dehors du Japon. Je prie pour que cela n'arrive pas !

 

PS 1 : Je serai probablement amené à écrire d'autres articles sur la série, tant il y en a à en dire. Les musiques, le skin des personnages très évolutif, etc... Bref, on en reparlera !

PS 2 : Vous l'aurez compris en comparant la date d'apparition du précédent article et celle de celui-ci, ça risque pas de devenir un blog à parutions périodiques pour le moment. Ben oui, la prépa, ça prend quand même beaucoup de temps... Et d'énergie.